Le 12 février 2022, un événement de lancement du projet Citoyennes engagées avait lieu à Libreville, au Gabon. Ce projet ambitionne d’informer, outiller, mobiliser et renforcer une sélection d’acteur∙rice∙s-clés, pour qu’ils et elles soient en capacité de promouvoir et défendre les droits des femmes plus efficacement. Retrouvez un extrait du discours de Nathalie Zemo Efoua, présidente du Réseau Femme Lève-Toi (ReFLeT) et les images de l’événement !
« SI L’ÉGALITÉ A PROGRESSÉ EN DROIT, ELLE DOIT ENCORE PROGRESSER DANS LES FAITS »
Extraits du discours de Nathalie Zemo Efoua, prononcé à l’occasion de l’événement de lancement du projet Citoyennes engagées :
« Les femmes et les filles représentent la moitié de la population mondiale et donc la moitié de son potentiel. L’égalité des sexes, en plus d’être un droit humain fondamental, est essentielle à la mise en place des sociétés pacifiques dotées d’un plein potentiel humain et d’un développement durable. De plus, il a été démontré que l’autonomisation des femmes stimule la productivité et la croissance économique.
Malgré d’importantes avancées sur la promotion des droits des femmes et l’égalité de genre, des obstacles considérables subsistent et empêchent la pleine réalisation des droits économiques, sociaux, culturels et politiques des femmes. D’ailleurs, en 2018, un rapport du PNUD plaçait le Gabon au 128e rang mondial sur 162 pays classés selon l’indice d’inégalité de genre qui montre la perte de développement humain potentiel due à l’écart entre les niveaux atteints par les hommes et par les femmes quant à la santé reproductive, à l’autonomisation et au statut économique.
Le Gabon a pris un certain nombre d’engagements sur le plan international pour garantir le respect de la dignité humaine et l’égalité entre tous les citoyens. Ajouté à cela, le cadre juridique national, ainsi que plusieurs initiatives et stratégies nationales viennent réaffirmer cet engagement des pouvoirs publics à assurer le bien-être et l’égalité de tous.
Toutefois, au regard des réalités et des nombreuses alertes relevées, plusieurs efforts restent encore à fournir car si l’égalité a progressé en droit, elle doit encore progresser dans les faits, dans le quotidien de chaque homme et surtout de chaque femme.
(…)
Et c’est là que j’entends déjà plusieurs voix s’élever : pouvoir d’agir des femmes ?devront-elles désormais dominer les hommes ou se révolter contre eux ? devenir les nouveaux maîtres de la nation ? En effet, si les problématiques femmes-hommes sont globalement les mêmes partout dans le monde, au Gabon les femmes doivent encore faire face à la dualité d’un héritage culturel lourd d’une part et des réalités de notre époque d’autre part. Aussi, aux premières questions, nous répondrons par d’autres questions : alors que tous garçons et filles allons à l’école au Gabon, pourquoi si peu de femmes (toujours moins de 30% en dépit de lois favorables) participent à la gouvernance économique et politique ? Pourquoi tant de femmes, même instruites, demeurent dans la dépendance à autrui, la précarité ou victimes de violences en tout genre ? Comment parvenir à l’épanouissement social et à la pleine participation des femmes au développement ? Comment favoriser dans notre pays des perceptions et un environnement qui amènent le plus grand nombre à prendre conscience que la femme est un être humain à part entière, doté de compétences, d’aspirations, en droit d’exprimer ses ambitions, détentrice de droits et, comme tout autre, en droit de les faire respecter ?
Un défi majeur pour notre société est de réussir cette irrémédiable avancée vers l’égalité femmes-hommes, tout en préservant l’identité culturelle qui fait la richesse de chaque personne, de chaque peuple.
C’est donc conscients des défis et des différents enjeux liés à cette question prioritaire de la promotion et l’égalité de genre, que nous saluons les précurseurs, les personnalités et les organisations au Gabon qui sont depuis de nombreuses années mobilisés pour cette noble cause. Nous sommes persuadés que notre projet ne saurait aboutir à des résultats probants, sans une parfaite synergie avec tous les acteur.rice.s impliqués. »
