APPEL URGENT – Assassinat du défenseur Cabral Yombo en République Démocratique du Congo

RDC DĂ©fenseur.se.s Appel urgent

APPEL URGENT

Assassinat du défenseur des droits humains et Président de la société civile noyau de Hombo Nord, Monsieur Cabral YOMBO :

Appel aux autorités à sanctionner immédiatement les auteurs et coauteurs de ce crime et à sanctionner le comportement anti-démocratique de certaines autorités administratives et militaires dans le territoire de Walikale.

A l’intention d(e)u :

  • Honorable PrĂ©sident de l’AssemblĂ©e Nationale ;
  • Mesdames et Messieurs les DĂ©putĂ©s nationaux et provinciaux du Nord-Kivu.
  • Son Excellence Madame le Ministre d’Etat et Ministre de la Justice et Garde de Sceaux de la RDC ;
  • Son Excellence Monsieur le Ministre National des Droits Humains de la RDC ;
  • Monsieur le Gouverneur militaire de la Province du Nord Kivu ;
  • Monsieur le premier PrĂ©sident de la Cour Militaire du Nord-Kivu ;
  • Monsieur l’Auditeur SupĂ©rieur près la Cour Militaire du Nord-Kivu ;
  • Monsieur le PrĂ©sident du Tribunal Militaire de Garnison de Goma ;
  • Monsieur l’Auditeur de Garnison du Tribunal Militaire de Garnison de Goma ;
  • Monsieur le PrĂ©sident du Tribunal Militaire de Garnison de Goma.

Honorables, Excellences, Mesdames, Messieurs les dignes Représentants de l’Etat Congolais et de la Province du Nord Kivu ;

C’est avec tristesse, regret, indignation et larmes aux yeux que nous vous adressons le présent appel urgent.

Le 26 octobre dernier, le défenseur des droits humains et président de la société civile noyau de Hombo, territoire de Walikale, Monsieur Cabral YOMBO a été invité par le chef de secteur de BAKANO, pour un entretien faisant suite au plaidoyer mené par lui relatif à la surtaxation des motocyclistes et prélèvement d’indus sur les produits champêtres des paisibles populations.

A sa grande surprise, cette invitation s’est transformée en séance d’intimidation puis de coups et blessures et enfin de tortures ; ces coups administrés par les militaires sous la conduite du chef de secteur des Bakano, vont conduire à la dégradation de sa santé le 29 octobre, et ensuite à son décès le 31 Octobre 2021, soit deux jours après son admission à l’hôpital Général de PANZI (le 30 octobre), ville de Bukavu, Province du Sud-Kivu., où il a été admis pour des soins appropriés.

Monsieur YOMBO rejoint ainsi la longue liste des Défenseurs des droits humains assassinés en République Démocratique du Congo.

Face à ce drame, faut-il encore rappeler que l’édit N°001/2019 du 30 Novembre 2019 portant protection des défenseurs des droits humains en province du Nord-Kivu, prévoit, à son « article 4, al 4, le défenseur des droits humains a le droit de mener des plaidoyers auprès des différents responsables étatiques et non étatiques sur les questions des droits humains », que l’article 12 prévoit encore: « toutes les fois qu’il existe des motifs raisonnables de croire qu’un défenseur des droits humains a été victime dans ses activités, les autorités provinciales et locales prennent les mesures appropriées pour diligenter une enquête à l’issue de laquelle le présumé auteur est poursuivi en justice ».

En aucun cas l’état de siège qui prévaut dans le Nord Kivu ne peut déroger à ces principes et porter atteinte au caractère sacré du droit à la vie de chaque personne humaine. On le voit : il est aujourd’hui malsain de donner carte blanche à certaines autorités qui se livrent quotidiennement à des violations des droits humains.

Le comportement reproché ici à ceux qui ont perpétré cet assassinat est constitutif de plusieurs infractions qui ne doivent pas rester impunies. Ce crime est en outre contraire à la vision du chef de l’Etat qui prône l’état de Droit.

Hélas, le cas de ce défenseur assassiné n’est pas isolé : nombreux sont les défenseurs victimes des agissements inadmissibles de la police et/ou de l’armée. Vous ne pouvez ignorer ces situations :

  1. Monsieur Héritier MAGAYANE, journaliste à la RTNC Rutshuru, assassiné le 07 Août 2021 et que jusqu’à présent son dossier n’a pas de suite ;
  2. Monsieur KATSARUHANDE La Fontaine, militant de la Lucha, victime d’une balle dans sa jambe lors d’une manifestation pacifique le 10 Septembre 2021 à Beni et qui s’est vu être amputé sa jambe ;
  3. Monsieur OBEDI Kamala, victime des menaces de mort en territoire de Walikale de la part des acteurs Ă©tatiques ;
  4. Deux militants pro-démocratie de la LUCHA et trois autres du mouvement citoyen Jicho La Raiya en détention à la prison centrale de Goma-Munzenze depuis plusieurs mois et dont les dossiers peinent à évoluer.

Au regard des observations ci haut évoquées, nous recommandons et exigeons :

Que la justice se charge ici et maintenant de ces auteurs et coauteurs de tous ces crimes commis envers les défenseurs des droits humain à l’Est de la R.D.C.

Qu’une audience en flagrance et en foraine soit décrétée au lieu de la commission des crimes ;

Que l’Etat congolais prenne solennellement l’engagement de protéger les défenseurs des droits humains ;

Que l’Etat congolais respecte ses engagements pris lors de l’examen périodique universel (EPU) de Mai 2019 et dont le 4e cycle de l’EPU de la RDC approche ;

En espérant que vous allez vous impliquer chacun en ce qui le concerne afin de faire valoir les demandes exprimées dans le présent appel urgent, nous vous prions de faire de cette situation l’une de vos priorités.

Ainsi fait Ă  Lyon-Goma, Bukavu, Uvira, Fizi, Lubumbashi et Kinshasa, le 02 Novembre 2021.

Les organisations signataires :

  1. Synergie UKINGO WETU (SUWE, Nord-Kivu) ;
  2. SOS – Information Juridique Multisectorielle (SOS IJM);
  3. Arche d’Alliance (ARAL) ;
  4. Haki Zangu ;
  5. Réseau de Protection des Défenseurs des Droits de l’Homme, Victimes et Témoins (VIWINE, Sud-Kivu) ;
  6. Partenariat pour la Protection Intégrée (PPI) ;
  7. Réseau de Protection des Défenseurs des Droits Humains, Victimes, Témoins et Professionnels des médias (REPRODEV-Kinshasa) ;
  8. Réseau de Protection des Défenseurs des droits de l’Homme Victimes et Témoins (REPRODHOVIT, Sud-Kivu/Uvira et Fizi) ;
  9. Groupe UKINGO WA WATETEZI (GRUWA) ;
  10. Agir Ensemble pour les Droits Humains.

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