Agir ensemble était présente les 2 et 3 septembre 2021, au Congrès alternatif « Notre terre, notre nature » organisé par Survival international en réaction au congrès mondial dirigé par l’Union Internationale pour la Convservation de la Nature (UICN) débutant le 3 septembre dernier.
Le congrès alternatif a réuni des intervenant∙e∙s de tous les horizons libérant leur parole sur les effets néfastes du projet 30×30 lequel à première vue ne parait pas critiquable mais porte pourtant atteinte aux parcs naturels et agriculteur∙rice∙s éthiopien∙ne∙s, aux Nukaks colombien∙ne∙s, ou encore aux Bakas du Cameroun.
LE CONGRES EN BREF
Le congrès « Notre terre ! Notre nature » est un congrès alternatif et indépendant qui s’est tenu la veille du congrès mondial de l’UICN, afin de s’opposer aux fausses solutions mises en avant par l’UICN et ses partenaires. L’objectif était clair : décoloniser la conservation de la nature, donner une tribune aux populations autochtones et aux communautés locales « invisibilisées », influencer les décideur∙e∙s présent∙e∙s au Congrès mondial et remettre en question le projet des 30×30. Cette idée, défendue au congrès mondial, consisterait à protéger 30 % d’espaces naturels autour du globe sous forme d’aires protégées (parcs et réserves) d’ici à 2030.
Peuples de la forêt, les autochtones dépendent intégralement des ressources de leur écosystème et mènent un mode de vie qui préserve les équilibres naturels. Les discriminations qu’ils∙elles subissent tendent à les spolier des territoires qui représentent leur unique source de subsistance et les fondements de leur système social et culturel. Dans ce contexte, la biodiversité et la lutte contre le changement climatique vont de pair avec la prise en compte et le respect des droits de ces populations dans les processus de décisions.
« DESHUMANISATION DE LA NATURE »
Les deux sessions du congrès ont fait intervenir divers spécialistes, professeurs d’universités, journalistes, représentant∙e∙s des communautés autochtones et membres d’ONG, venu∙e∙s des quatre coins de la planète.La première session du Congrès : « Au nom de la nature : crimes et méfaits de l’industrie de la conservation » a permis d’aborder des thématiques liées à la conservation forteresse, l’impact de la militarisation de la conservation sur les peuples autochtones, le projet des 30×30, les fausses solutions au changement climatique et le rôle des médias et des bailleurs de fonds.
Le projet 30×30 « déshumanisera la nature », selon les mots de Guillaume Blanc, et les parcs seront alors « vidés » de leurs habitant∙e∙s, au profit d’un tourisme colonialiste, celui qui porte une véritable atteinte à la biodiversité. La nature perd déjà sa valeur sacrée au profit d’une valeur monétaire apposée par les pays dits « du Nord » depuis de nombreuses années.
Julien Basimika Enamiruwa rappelle à cet égard qu’en 1975, les populations locales Batwa du parc Kahuzi-Biega en RDC ont été expulsées par la force par la police, tandis que les populations elles-mêmes n’étaient aucunement armées. Alors que l’entretien et la protection du parc sont en partie financés par les gouvernements allemands et américains, les pygmées ont été dépourvu∙e∙s de leur identité en étant exclus de leur terre car « la terre est leur identité ».
Pour conserver la biodiversité, tel que serait l’objectif de l’UICN, des Nations Unies et de WWF, il faut donner la parole aux communautés qui la préservent depuis des millions d’années, à savoir les populations autochtones. Et arrêter de les exclure des territoires restés inchangés depuis tant d’années grâce à leur consommation non abusive de ces ressources.
La seconde session s’intitulait « Perspectives décoloniales et alternatives ». Les thématiques sélectionnées pour la développer sont la question de savoir pourquoi faut-il décoloniser la conservation de la nature, le rôle des populations autochtones dans la protection de l’environnement et l’approche d’une conservation alternative.
Selon Juan Pablo Gutierrez, représentant de l’ONIC (Organisacion Nacional Indigena de Colombia), le projet 30×30 est une ironie lorsque l’on prend conscience que les territoires qui seraient protégés par cette mesure le sont déjà par les populations autochtones, mais que l’on exclurait ces dernières au profit d’une conservation de la nature… Il ne s’agit là que d’un « moyen de distraction des populations occidentales face au réchauffement climatique causé par elles-mêmes ».
AGIR ENSEMBLE POUR LES DROITS DES POPULATIONS AUTOCHTONES
Participer au congrès « Notre terre, notre nature » a confirmé les intérêts défendus par notre équipe et ses partenaires : les droits et la voix des populations autochtones doivent faire partie intégrante de tout projet dans lesquels ces populations sont impliquées. Notamment, deux projets portés par Agir ensemble, incluant les populations autochtones sont irrigués par la politique défendue par Survival International et soutenur par les participant∙e∙s au congrès « Notre terre, notre nature ».
Le projet PEUPLE vise à promouvoir les droits fondamentaux et les modes de vie des populations autochtones Pygmées, ainsi qu’à renforcer leur participation inclusive à la gestion traditionnelle et durable de leurs terres, territoires et ressources naturelles. Agir ensemble et ses partenaires locauxle « Programme Intégré pour le Développement du Peuple Pygmée au Nord-Kivu », l’association « Solidarité pour les Femmes Autochtones » et le « Réseau Ecclésial du Bassin du Congo », sont convaincu∙e∙s de la nécessité de renforcer structurellement les organisations locales afin d’améliorer l’efficacité de leurs actions de plaidoyer ciblées auprès des décideur∙e∙s institutionnel∙le∙s congolais∙e∙s et internationaux∙les. Les peuples autochtones Pygmées pourraient ainsi mieux contribuer à protéger la biodiversité mondiale, un rôle crucial reconnu par l’Accord de Paris dans l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques.
Dans le cadre du projet Buenaventura, l’exclusion de la violence dans cette ville colombienne inclut bien évidemment de prendre en considération toutes les parties prenantes occupant la ville et ses alentours, à savoir les communautés autochtones. L’un des trois objectifs spécifiques consiste à conduire les institutions éducatives, les familles et les communautés à assurer un environnement plus protecteur pour les enfants, les jeunes et les femmes. Plus précisément, il s’agit entre autres d’impliquer les autorités communautaires (autochtones et afro colombiennes) afin qu’elles s’engagent pour la protection et la garantie des droits de leur communauté.
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