Communiqué de presse en Français
La RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo (RDC) est en passe de faire une avancĂ©e considĂ©rable dans la protection des droits humains. Le 7 avril 2021,une proposition de loi sur la protection et promotion des droits des peuples autochtones (PA)PygmĂ©es a Ă©tĂ© adoptĂ©e par lâAssemblĂ©e nationale de la RDC. Le vote dâune telle loi est une premiĂšre et historique dans un pays oĂč les peuples autochtones pygmĂ©es ne sont pas considĂ©rĂ©s comme Ă©gaux au reste de la population majoritaire. La loi est le fruit du travail ardu menĂ© depuis une vingtaine dâannĂ©e par les peuples autochtones pygmĂ©es et les organisations de la sociĂ©tĂ© civile (OSC) congolaise qui les soutiennent et accompagnent pour faire reconnaitre leurs droits.Les obstacles ont Ă©tĂ© nombreux et menacent toujours son adoption. La loi doit encore ĂȘtre approuvĂ©e par le SĂ©nat dâici plusieurs semaines avant dâĂȘtre promulguĂ©e par le PrĂ©sident de la RĂ©publique FĂ©lix Tshisekedi. Les peuples autochtones pygmĂ©es et les OSC congolaises qui les soutiennent dans ce combat pour leur reconnaissance lĂ©gale sont plus que jamais mobilisĂ©s dans cette derniĂšre ligne droite et jouent un rĂŽle crucial dans lâhistoire de leur pays.
Aujourdâhui on estime que la RDC compte plus dâun million de peuples autochtones pygmĂ©es. Ces populations sont victimes de nombreuses discriminations et violences comme le montre lâactualitĂ©. En janvier 2021, quarante-six personnes PygmĂ©es ont Ă©tĂ© massacrĂ©es dans le territoire dâIrume en province de lâIturi, 13 dans le territoire de Monkoto en province de la Tshuapa en fĂ©vrier, 6 Ă Bunyakiri dans le territoire de Kalehe en province du Sud-Kivu. La RDC est aussi lâun des pays du continent africain les mieux dotĂ©s en ressources naturelles. Les terres ancestrales de ces peuples sont largement convoitĂ©es,accaparĂ©es par les grandes multinationales extractives, les communautĂ©s dominantes etles groupes armĂ©s et les aires protĂ©gĂ©es crĂ©Ă©es par le gouvernement sans leur consentement, qui menacent leurs existences et modes de vie et exacerbent la pauvretĂ© dans ces milieux.
Bien que la RDC ait ratifiĂ© plusieurs textes internationaux et rĂ©gionaux qui traitent du droit Ă la terre et aux ressources naturelles des peuples autochtones, le statut mĂȘme de « peuple autochtone » souffre dâun manque de reconnaissance lĂ©gale et politique dans le pays, que ladite loi adoptĂ©e Ă lâAN est venue combler. Lâadoption de cette loi est un premier pas essentiel pour la prise en considĂ©ration de leurs droits.Le texte de loi prĂ©voit notamment la gratuitĂ© des soins, de lâenseignement primaire et secondaire et lâassistance devant les instances judiciaires. Il entend aussi adresser la question centrale du droit Ă la terre et aux ressources naturelles. Pour financer ces rĂ©formes, la loi prĂ©voit la crĂ©ation dâun ââfonds nationalââ qui devra ĂȘtre alimentĂ© par lâEtat, les ONG et les partenaires Ă©trangers.
Nous ne pouvons que soutenir cette initiative exemplaire et soutenir le travail de ces organisations congolaises, et espérer que cette loi impactera durablement les droits humains en RDC.
De nombreux dĂ©fis persistent encore. Lâadoption dâune loi, qui permet de dĂ©terminer un cadre lĂ©gal de rĂ©fĂ©rence, sâil est un avancement significatif, ne se suffit pas Ă elle-mĂȘme. La mise en application des lois reprĂ©sente encore bien souvent un dĂ©fi sur le vaste territoire congolais. Son effectivitĂ© dĂ©pendra des mĂ©canismes et ressources dĂ©ployĂ©s pour la sensibilisation, la mise en Ćuvre et le suivi. Le chemin est donc encore long et les OSC congolaises ont un rĂŽle primordial Ă jouer afin quâune loi ambitieuse soit enfin adoptĂ©e et pleinement appliquĂ©e en RDC.
Le projet PEUPLE, « Promouvoir la participation des Peuples Autochtones PygmĂ©es dans la gestion durable des terres et ressources naturelles en RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo (RDC) »,a Ă©tĂ© coconstruit depuis 2017 par trois organisations congolaises fortement mobilisĂ©es dans le processus dâĂ©laboration et dâadoption de la loi (SPFA,[1]PIDP[2], REBAC[3]) et trois organisations europĂ©ennes (DOCIP[4], EURAC[5], Agir ensemble[6]). Il est issu dâun double constat partagĂ©, dâun cĂŽtĂ© le besoin de renforcer les capacitĂ©s des organisations locales de dĂ©fense des droits des peuples autochtones et de lâautre le besoin de sensibiliser et mobiliser davantage les acteurs techniques et financier internationaux.
Ce projet de trois ans (2021 â 2023) sâinscrit pleinement dans lâactualitĂ© et vise Ă accroitre lâimpact de lâaction des peuples autochtones pygmĂ©es et celles des OSC locales qui dĂ©fendent les droits des peuples autochtones et qui sont mobilisĂ©es dans le processus dâadoption, mise en Ćuvre et suivi de cette nouvelle loi. Il est soutenu par lâAgence Française de DĂ©veloppement, le Secours Catholique et le CCFD.
[1] Solidarité pour la Promotion des Femmes Autochtones
[2] Programme Intégrée pour le Développement des Pygmées : http://www.bambutidrc.org/
[3] Réseau Ecclésial du Bassin du Congo : https://rebaccongobassin.org/
[4] Fondation du Centre de documentation, de recherche et dâinformation des peuples autochtones : https://www.docip.org/
[5] RĂ©seau europĂ©en pour lâAfrique centrale : https://www.eurac-network.org/fr
[6] Agir ensemble pour les droits humains : https://agir-ensemble-droits-humains.org/fr/home/