Agir ensemble et ses partenaires luttent contre la torture et les détentions arbitraires en République du Congo avec le projet PACTE. L’accès aux prisons par les ONG est, toutefois, restreint par la crise sanitaire. Comment améliorer à distance les droits fondamentaux des détenu·e·s isolé·e·s ?
L’ACCÉS AUX SOINS ET LE DROIT DE VISITE ENTRAVÉS
MalgrĂ© l’annonce officielle de la libĂ©ration de 365 prionnier·ère·s en 2020 la surpopulation carcĂ©rale reste un problème majeur au Congo. Notre monitoring nous permet d’estimer qu’une structure pĂ©nitentiaire Ă Pointe-Noire initialement prĂ©vue pour 75 personnes en accueillerait plus de 300. Comment assurer la distanciation sociale dans ces conditions ? La carence en infrastructures d’hygiène et en matĂ©riel sanitaire renforce la vulnĂ©rabilitĂ© des dĂ©tenu·e·s.Â
Au-delĂ des problèmes de surpopulation carcĂ©rale, l’isolement s’accroĂ®t. Les avocat·e·s et les familles voient leur droit de visite s’amenuiser, en raison d’une dĂ©cision du ministère de la Justice pour limiter la propagation du virus. Certaines audiences sont annulĂ©es pour raison sanitaire, ce qui ralentit inlassablement la procĂ©dure judiciaire et prolonge la dĂ©tention de manière abusive. Les paquets alimentaires et biens de première nĂ©cessitĂ© habituellement apportĂ©s par les familles parviennent quand mĂŞme jusqu’aux dĂ©tenu·e·s, mais plus rarement. Dans ce contexte, les organisations de dĂ©fense des droits humains (ODDH) n’obtiennent que de façon ponctuelle l’autorisation de visiter les lieux de privation de libertĂ©. C’est pourtant le monitoring qui permet d’identifier les cas de mauvais traitements et de dĂ©tention illĂ©gale.Â
AGIR EN SENSIBILISANT LES FORCES DE L’ORDRE
Pour continuer de s’impliquer dans les droits fondamentaux des dĂ©tenu·e·s, les associations partenaires du projet PACTE concentrent leurs actions sur les activitĂ©s de prĂ©vention. Les sessions se prĂ©sentent sous la forme d’ateliers de renforcement de capacitĂ©s et de campagne de porte-Ă -porte, avec l’objectif de faire connaĂ®tre la loi congolaise. Jusqu’à prĂ©sent, le projet a accompagnĂ© la tenue de 8 ateliers, qui ont permis de sensibiliser 212 agent·e·s de l’ordre, chef·fe·s de quartier et parent·e·s de dĂ©tenu·e·s.Â
Les ODDH rappellent notamment les dĂ©lais de dĂ©tention par le Code de procĂ©dure pĂ©nale congolais et la loi N°4-2010 – 3 jours plus 2 jours pour la garde-Ă -vue prononcĂ©e par un·e officier·ère de police judiciaire, 4 mois plus 2 mois pour la dĂ©tention prĂ©ventive lorsqu’elle est dĂ©cidĂ©e par un·e magistrat·e, 24h pour l’enfant mineur·e – et la non-validitĂ© des propos obtenus sous la torture. Ces ateliers sont le moyen pour les ODDH de mettre en place des systèmes de communication et de bonnes pratiques entre les acteur·rice·s politiques locaux·les, les forces de l’ordre et elles-mĂŞmes. En entreprenant le dialogue dans un contexte de crispation, elles Ĺ“uvrent progressivement Ă la facilitation de leurs futurs monitorings dans les maisons d’arrĂŞt.Â